Past exhibitions
La fibre des ancêtres. Trésors textiles d'Indonésie de la collection Georges Breguet
22 March 2006 - 31 December 2006
Présenté par les mythes comme un don des ancêtres divinisés, le tissage a été, de l'époque néolithique à nos jours, un des principaux moyens d'expression artistique des sociétés traditionnelles d'Indonésie, où l'art se devait de relier les humains au monde invisible des esprits. C'est pourquoi, ces textiles, souvent chargés de forces magiques, accompagnaient la vie et les rituels de la plupart des habitants de l'archipel, depuis la naissance jusqu'à la mort.
Puisée dans une collection particulière qui compte un millier de tissus, la sélection présentée au MEG représente deux ensembles d'une trentaine de pièces chacun, provenant des principales îles de l'archipel indonésien (Sumatra, Bornéo, Sulawesi, Bali, les petites îles de la Sonde et les Moluques), mais à l'exception notable de Java : le batik y constitue en effet le mode d'expression dominant mais il diffère des autres techniques décoratives textiles.
Une rotation de ces deux ensembles représentatifs aura lieu au milieu de la période de l'exposition.
Celle-ci débute par un hommage à la virtuosité et la créativité de toutes les tisserandes indonésiennes à travers l'une des plus célèbres d'entre-elles, la princesse Tamu Rambu Yuliana (1932-2003) du domaine de Rindi à Sumba. L'on peut admirer la dernière création qu'elle avait préparée pour ses propres funérailles et qui lui a effectivement servi à rejoindre ses ancêtres.
Cet hommage est suivi par un espace consacré à l'explication des principales techniques décoratives, ainsi que leurs sources.
La première partie du coeur de l'exposition montre des textiles tribaux, où dominent le coton et les colorants naturels rouges et bleus. Leurs motifs archaïques, où l'on peut reconnaître parfois la présence des ancêtres, sont principalement produits par la technique de l'ikat de chaîne. Intimement liées aux rites indigènes, ces étoffes sont des témoignages magnifiques d'un monde tribal qui se transforme rapidement sous la pression de la modernité et des grandes religions monothéistes, christianisme ou islam.
La seconde partie de l'exposition présente des textiles de cour, où la soie tend à remplacer le coton et où les colorants de base rouges et bleus sont rehaussés de jaune, couleur royale, et de fils guipés d'argent ou d'or. La technique dominante devient alors le brocart (songkèt), même si l'ikat de trame ou le double ikat jouent un rôle important. La décoration, tout en gardant de nombreux archaïsmes, devient de plus en plus influencée par une iconographie d'origine indienne, chinoise ou moyen-orientale, en relation avec les grands courants religieux que sont le bouddhisme, l'hindouisme et l'islam, lesquels ont marqué l'histoire de l'archipel avant la période coloniale.