Repères historiques

La genèse

Si le MEG a été fondé en 1901 par la Ville de Genève, ses collections se sont toutefois constituées bien avant. Les plus anciennes d’entre elles ont été réunies deux siècles plus tôt avec des objets ethnographiques qui ne nous parlent pas seulement de populations plus ou moins lointaines, mais également de notre propre histoire et de notre intérêt pour les Autres.

Du simple cabinet de curiosités aux prémices de l’ethnographie

En 1702, la Bibliothèque du Collège rassemble, dans un cabinet de curiosités, les « merveilles » de l’art et de la nature qui lui sont offertes. Ce sont les premiers objets recensés dans les collections publiques genevoises. Ceux-ci sont ensuite transmis au Musée académique, fondé en 1818 par des scientifiques genevois. À partir de 1863, son conservateur Hippolyte Jean Gosse réorganise les collections, en renforçant l’intérêt pour ce qu’on commence à appeler l’ethnographie.

Hippolyte Jean Gosse, le précurseur

En 1870, Hippolyte Jean Gosse est également le conservateur du Musée historique genevois, appelé aussi Salle des armures. À la suite d’un agrandissement de ses locaux, le musée élargit ses collections au-delà de la Suisse et acquiert régulièrement des armes et des armures exotiques. Plus d’une centaine de pièces provenant de ce musée rejoindront les collections du MEG en 1901. En 1872, le Musée académique est scindé en deux et donne naissance au Musée d’histoire naturelle et au Musée archéologique, dont Hippolyte Jean Gosse restera le conservateur. Le MEG en sera directement issu en 1901.

L’important legs de trois musées genevois

En 1876, la Société des missions évangéliques de Genève crée un musée dont les collections sont constituées par les envois des missionnaires œuvrant de par le monde. Grâce à l’entregent d’Eugène Pittard, les collections de ce musée seront données à la Ville en 1901, au moment de la création du MEG. Créé en 1884, le Musée Ariana est un palais dédié aux Arts décoratifs. La Ville de Genève en hérite en 1890. À la fin des années 1930, de nombreux objets sont transférés vers le MEG. Le Musée des arts décoratifs, créé en 1885, rassemble des objets d’inspiration exotique qui seront ensuite transmis au MEG. Aujourd’hui, le MEG rassemble des collections privées et publiques, provenant du Musée archéologique, du Musée Ariana, du Musée d’art et d’histoire et du Musée de la Société des missions évangéliques de Genève.

L’avènement du MEG

C’est en 1901, lors de la réorganisation des collections publiques genevoises, que le MEG, alors appelé Musée ethnographique, prend forme. Les collections ethnographiques sont alors séparées des collections archéologiques et enrichies de dons de particuliers et du Musée des missions. Elles sont installées dans la Villa Plantamour du parc Mon-Repos, qui sert d’annexe aux musées municipaux et qui expose également des tableaux. Il faut attendre 1910 pour que l’espace entier soit consacré à l’ethnographie. Eugène Pittard en devient le conservateur, puis le directeur. Il insuffle à l’institution des ambitions scientifiques et pédagogiques, et participe au rayonnement du jeune musée, notamment par ses relations avec la Société des Nations siégeant à proximité.

L’installation au boulevard Carl-Vogt

Grâce à l’implication et au dynamisme d’Eugène Pittard, les collections ethnographiques du MEG connaissent un accroissement rapide. L’organisation d’expositions temporaires rend plus criant encore le manque d’espace. À force d’insistance, Eugène Pittard obtient en 1941 le déménagement de l’institution dans un bâtiment plus grand au boulevard CarlVogt 67. Il s’agit d’une ancienne école. Il y pratique une muséographie qu’il cherche à rendre toujours plus pédagogique. En 1952, le long règne de ce directeur légendaire, alors âgé de 85 ans, prend fin, et sa succession revient à son ancienne assistante, Marguerite Lobsiger-Dellenbach.

L’annexe de Conches

Acquise par la Ville de Genève en 1972, la villa située au chemin Calandrini dans la localité de Conches, aux portes de Genève, fût inaugurée en 1976 comme annexe du Musée d’ethnographie. Elle devient durant trente-sept ans le siège d’expositions temporaires principalement consacrées au domaine européen, autour de la collection Georges Amoudruz. Le MEG Conches a fermé ses portes en 2013.

Un nouveau bâtiment pour le MEG

Après de nombreux rêves inachevés de construire un musée plus grand, Genève a finalement décidé en 2014 d’offrir à ses collections tricentenaires un bâtiment moderne édifié au boulevard Carl-Vogt 65, sur l’esplanade de l’ancien musée. Témoignant de traditions parfois révolues ou toujours vivantes, les objets ethnographiques peuvent apparaître comme des archives d’une diversité humaine elle-même prise dans le mouvement de l’histoire.