Exposition temporaire

Helvécia. Une histoire coloniale oubliée

21 octobre 2022 - 8 janvier 2023

Dans son exposition photographique «Helvécia. Une histoire coloniale oubliée», le MEG lève le voile sur un aspect peu connu de l’histoire helvétique. Si la Suisse n’a jamais eu de pays placés sous sa domination, elle a néanmoins collaboré avec des puissances coloniales à l’appropriation de terres étrangères et à la pratique esclavagiste.

L’exposition du MEG présente la rencontre avec les habitant-e-s d’Helvécia au Brésil, au croisement d’une quête identitaire et d’une recherche sur le passé de cette ancienne colonie suisse.

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Helvécia. Une histoire coloniale oubliée

Elèves de l’école Arte Capoeira Bahia devant l’ancienne gare

2015

© Dom Smaz

Bibliographie [1 Mo]

L’exposition s’est faite en étroite collaboration avec le photographe Dom Smaz et la journaliste Milena Machado Neves, coauteurs d’une recherche sur le village d’Helvécia au Brésil, leur pays d’origine. Tout a commencé par la rencontre du couple avec ce village de l’état de Bahia dont le nom et l’origine ont été les déclencheurs d’un intérêt grandissant. Au cours de leurs entretiens avec les habitants d’Helvécia, Dom et Milena ont recueilli les témoignages de leur vie quotidienne tout en s’attachant à questionner le passé du village. Leur démarche s’appuie sur le documentaire photographique et audio-visuel ainsi que la présentation d’archives historiques.

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Helvécia. Une histoire coloniale oubliée

La doyenne d’Helvécia, Maria de Conceiçao, surnommée Dona Cocota

2015

© Dom Smaz

Helvécia est une ancienne colonie germano-helvétique nommée à l’origine Leopoldina et dont le nom actuel garde le souvenir de l’une de ses plantations baptisée ainsi par un colon suisse. Fondée en 1818, Helvécia se développe avec la culture du café dont elle produit plus de 90% pour l’état de Bahia jusqu’à devenir l’un des plus importants exportateurs de café du Brésil au milieu du 19e siècle. Cette réussite est due à l’exploitation à grande échelle de personnes esclavisées, une pratique soutenue par le gouvernement fédéral de l’époque comme le révèlent certains documents d’archives. En 1888, la loi abolissant l’esclavage au Brésil sonne le glas de la colonie. Depuis, les personnes esclavisées sont restées sur les terres abandonnées par leurs propriétaires et en reconnaissance de son passé, la communauté d’Helvécia a reçu en 2005 le statut d’ancien quilombo*.

*Un quilombo désigne au Brésil un village formé par les esclaves en fuite dans les régions reculées à l’intérieur des terres. La particularité d’Helvécia réside dans le fait que les colons une fois partis, les esclaves se sont sédentarisés sur ce même lieu jusqu’à aujourd’hui.

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Helvécia. Une histoire coloniale oubliée

José Maria a vendu à bon prix à un étranger de passage des tuiles fabriquées par des personnes esclavisées de l’ancienne colonie

2015

© Dom Smaz

Au-delà du fait colonial helvétique, les habitants d’Helvécia, représentants les plus légitimes de ce passé douloureux, se racontent davantage qu’ils n’évoquent le passé enfoui et ses rares vestiges. C’est au travers de ces rencontres que Dom Smaz et Milena Machado Neves atteignent pleinement leur objectif en partageant avec nous le portrait vivant d’un village dont l’histoire singulière nous renvoie en même temps à celle du Brésil tout entier.

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Helvécia. Une histoire coloniale oubliée

Les frères Domingos et Ednilson Krull de Souza

2015

© Dom Smaz