Plan stratégique 2020-2024
Le MEG prend la mesure des changements sociétaux et environnementaux globaux, ainsi que ceux qui interviennent au sein du monde muséal, afin de définir ses engagements pour les années à venir. Des enjeux tels que la décolonisation, les processus collaboratifs, la créativité, l’inclusion et la durabilité forment le coeur de la nouvelle vision du MEG dévoilée dans son Plan stratégique 2020-2024 [PDF 1.25 Mo] et dans sa Politique de programmation culturelle [PDF 0.1 Mo].
L’enjeu pour l’avenir du MEG est de se positionner de manière stratégique et critique dans un univers muséal global en pleine mutation. Les «musées d’ethnographie» y sont en voie de disparition, confrontés à de nouvelles attitudes critiques qui les pressent à entamer un processus de «décolonisation». En Suisse comme ailleurs, l’héritage colonial est contesté, les échanges inéquitables sont critiqués, le racisme et l’exclusion sont dénoncés. En réponse à ces mouvements, les notions d’inclusion, de partenariat, d’échange, de collaboration et de co-construction sont promues dans un esprit de respect et de confiance mutuels.
Le MEG entame une mutation en profondeur pour accompagner ces tendances globales, et s’est fixé les objectifs stratégiques suivants à atteindre d'ici 2024 :
- Décoloniser le Musée.
- Renforcer le rôle du Musée en tant que plateforme et partenaire pour des collaborations locales et internationales.
- Diversifier et inclure de nouveaux publics.
- Inspirer les processus créatifs.
- Devenir un musée de référence en matière de développement durable.
Pour ce faire, le MEG a initié huit programmes stratégiques d’envergure. Ils concrétisent les priorités au service des publics et dans les rapports avec les partenaires de travail. Ces programmes ont été conçus par les équipes du Musée et sont tous interdépendants.
1. Orienter le regard vers l’avenir : une nouvelle stratégie muséologique à l’ère de l’anthropocène.
Programme conduit par Philippe Mathez, responsable de l’unité Expositions
Le programme présente l’orientation des expositions pour les cinq années à venir. Il s’appuie sur les cinq axes stratégiques du Musée, ainsi que sur l’ensemble des neuf programmes. La nouvelle muséographie du MEG propose de repenser l’exposition permanente et d’offrir à terme aux publics deux expositions temporaires par an.
Dans sa nouvelle approche muséologique, le MEG s’engage à aborder des thématiques de portée globale, de manière transversale et interdisciplinaire. La réflexion porte sur des questions transverses qui affectent toutes les populations. Ce questionnement se place dans le contexte des changements sociétaux, politiques, climatiques et environnementaux actuels. Il s’agit en quelque sorte de rendre compte du « chantier de l’anthropocène », cette nouvelle ère qui marque la prise de conscience que les activités humaines ont une incidence globale significative sur l’écosystème terrestre dont l’humain lui-même fait partie intégrante.
En 2021, le MEG a présenté le fruit d’un travail collaboratif sur les questions environnementales du point de vue des savoirs et de l’engagement des peuples autochtones dans une exposition intitulée « Injustice environnementale – Alternatives autochtones ». Pour aborder de manière plus large les interactions entre les sociétés humaines et le vivant, le MEG va ensuite traiter la question du « posthumanisme ». Il s’agit d’un vaste champ de réflexions qui voit converger des mouvements de pensées dans le domaine des sciences, de la philosophie ou de la politique. Étape importante, le MEG va remanier en profondeur la présentation de sa collection permanente en adoptant une posture décoloniale et en consacrant une exposition temporaire d’envergure sur ce thème en 2024.
2. Décoloniser les collections: un dialogue renoué avec les cultures d'origine pour des échanges équitables.
Programme conduit par Carine Durand, directrice
Le MEG s’inscrit résolument dans un processus proactif de décolonisation de ses pratiques et de l’histoire de ses collections. Une approche décoloniale assumée et engagée représente un réel défi dans un pays qui n’a pas eu de colonies à proprement parler, mais qui a pourtant une histoire coloniale riche et complexe.
Le MEG veut montrer que la décolonisation concerne tous les pays, régions et institutions dont les citoyen-ne-s ont poursuivi des pratiques coloniales, parfois même après les déclarations d’indépendance. Dans cette optique, le MEG souhaite sensibiliser ses publics et ses partenaires sur les racines coloniales de ses collections, des savoirs qu’il a produit et de sa muséologie. L’objectif général consiste à engager, depuis notre réalité suisse et européenne, un dialogue translocal et des échanges équitables avec les descendant-e-s de celles et ceux qui furent colonisé-e-s. Ce dialogue s’appuie sur trois fondements. Le premier consiste à éclairer l’histoire des collections du Musée en approfondissant les connaissances sur la provenance des objets, en particulier le motif et leur mode d’acquisition.
Le MEG va s’engager à informer les porteurs et porteuses de culture de la présence d’objets sensibles dans ses collections. Le deuxième consiste à rétablir le lien entre des «communautés-source», issues des cinq continents, et les collections ou les archives qui les concernent dans un objectif de réappropriation du patrimoine. Il s’agit ici de se rassembler autour des collections pour entendre les voix des descendant-e-s de celles et ceux qui ont créé les objets du Musée, co-construire de nouveaux savoirs et de nouvelles interprétations. Le troisième consiste à promouvoir des échanges avec des créateurs et créatrices, dans le but de générer des créations artistiques nouvelles, et de susciter des chercheurs et chercheuses, mais aussi les porteurs et porteuses de culture et les publics pour orienter le regard vers l’avenir et façonner à plusieurs mains un futur décolonial.
3. Réaffirmer l’engagement sociétal: un redéploiement de la programmation et des partenariats de proximité équitables et inclusifs.
Programme conduit par Mauricio Estrada Muñoz, responsable de l’unité Publics
Le Plan stratégique du MEG induit une refonte globale de sa programmation culturelle et scientifique à destination de, et avec, tous les publics. Cela se traduit par un engagement sociétal qui oeuvre en faveur d’un développement durable socialement, écologiquement et économiquement responsable. Conformément à la vision du MEG, ce programme vise à explorer les échanges équitables et l’interculturalité dans une perspective translocale. Cela implique de mettre en oeuvre une nouvelle éthique relationnelle qui prend en considération, de manière inclusive, une multiplicité de points de vue représentatifs des perspectives et des intérêts de toutes les composantes de la population.
Cela inclut les populations dont proviennent les collections, mais également des groupes et des minorités laissés en marge des récits dominants d’hier et d’aujourd’hui. Ce programme souhaite favoriser une démarche inclusive, en allant chercher la participation de parties prenantes et d’intervenant-e-s issu-e-s de domaines différents de ceux du MEG. Par ce biais, le Musée devient une plateforme évolutive pour des collaborations locales et internationales ainsi qu’une source d’inspiration pour les créatifs et créatives, toutes disciplines confondues. Par ailleurs, les choix de programmation cherchent à faire du MEG un lieu qui contribue au bien-être de chacun-e.
4. Réaménager les espaces publics: un encouragement à des visites prolongées et plus fréquentes, et des lieux qui favorisent la diversification des publics.
Programme conduit par Olivier Kreis, administrateur
L'objectif de ce programme est de réaménager certains espaces du Musée, d’en modifier l’ergonomie pour favoriser des venues prolongées et plus fréquentes du public, ainsi que pour encourager la diversification des motifs de visite. Ainsi à l’entrée du MEG, la banque d’Accueil sera fusionnée avec l’ancienne Boutique pour améliorer la qualité de l’accueil du public, et reprendre la vente des publications. La zone libérée par le déplacement du mobilier d’accueil deviendra un Salon de repos offrant une belle vue sur le jardin extérieur. Le Foyer, au 1er sous-sol, sera repensé pour devenir un espace de diffusion sonore et musicale lui donnant un nouveau caractère.
La salle de conférence Marguerite Lobsiger, au 1er sous-sol, deviendra un lieu de travail et de formation, servant à promouvoir l’utilisation des Archives internationales de Musique populaire (AIMP) au moyen d'une installation de lecture des différents supports musicaux (vinyles, bandes, CD, DVD, etc.). L‘atelier de conservation-restauration, au 1er étage, sera équipé pour faciliter la consultation des collections par un public spécialisé ou lié culturellement aux objets. Quant aux dépôts de l’Auditorium, ils seront réorganisés pour constituer un centre de logistique capable de déployer des installations techniques d’événements en un minimum de temps.
5. Engager la transition numérique: de nouvelles technologies, et l'innovation comme culture d’entreprise.
Programme conduit par Grégoire de Ceuninck, responsable du numérique
Enjeu stratégique, économique et social, la transition numérique stimule au MEG une réflexion interdisciplinaire sur le thème «musée, interaction et technologie». La mise en place de solutions informatiques performantes dans les domaines de la gestion administrative, de la muséologie, de la médiation, de la communication digitale et de l’informatique décisionnelle transforme le fonctionnement du MEG, simplifie les processus métiers, réduit les tâches rébarbatives et favorise l’innovation. Elle résout également certains problèmes liés à la sécurité informatique ou à la maintenance des outils actuellement utilisés par le MEG. La transition numérique prépare de nouveaux services en ligne. Elle conduit à repenser les liens établis entre les publics et le Musée en proposant des contenus participatifs co-générés, co-édités qui répondent aux attentes, aux besoins et aux motivations du public. Elle mobilise tout le personnel en instaurant une dynamique collaborative intensive et en développant les compétences numériques de chacun-e afin d’améliorer le fonctionnement général du MEG.
6. Augmenter la durabilité et réduire l'empreinte carbone : des mesures concrètes pour faire face à l'urgence climatique et environnementale.
Programme conduit par Mauricio Estrada Muñoz, responsable de l’unité Publics
Les musées, de par leurs activités, sont des consommateurs d’énergie et de matières premières ; ils génèrent des déchets qui viennent s’ajouter au volume total d’émissions de CO2. Mais en tant qu’acteurs de la culture, ils participent aussi au débat démocratique et sensibilisent la population aux sujets qui préoccupent la société. En partant de ce double constat et face à l’urgence climatique, le MEG s’est fixé comme objectif de devenir un musée de référence en matière de durabilité.
Pour y parvenir, ce programme se décline en plusieurs volets : d’abord, la mise en oeuvre d’une charte forte et contraignante de responsabilité sociale et écologique des scénographies qui permettra au MEG de réduire considérablement sa consommation en matières résiduelles tout en privilégiant l’utilisation de matières recyclées et le ré-emploi de son parc de matériel. Ensuite, une programmation de rendez-vous publics qui rend perceptible les conséquences du changement environnemental sur l’ensemble de la société, y compris sur les plus fragiles, et fournit des éléments concrets pour participer à la réduction de l’empreinte carbone. En fondant ces rendez-vous sur des pratiques actuelles et traditionnelles, d’ici et d’ailleurs, ce projet montre combien la problématique environnementale est globale et comment les réponses sont translocales.
Enfin, le déploiement d’une culture de travail écoresponsable où chaque collaborateur et collaboratrice du MEG est partie prenante de cet effort collectif. En s’appuyant sur l’engagement fort de la Ville de Genève, il s’agit notamment d’effectuer un bilan de consommation en interne et adopter des mesures urgentes adaptées au MEG, sensibiliser et former le personnel et mettre en oeuvre un système de management environnemental qui couvrira l’ensemble des domaines d’activité. Une éco-labellisation du MEG aux plus hauts standards internationaux garantira la crédibilité des efforts engagés par l’ensemble de ses équipes.
7. Développer une nouvelle identité verbale et visuelle: une transformation qui reflète l'orientation muséologique et décoloniale du Musée, et qui renforce son positionnement international.
Programme conduit par Laurence Berlamont-Equey, responsable de la communication et des relations presse
Le MEG développe sa nouvelle vision autour de son engagement sociétal et environnemental. Cette transformation radicale doit être soutenue par une évolution de son positionnement et de son nom. Dans ce contexte, le nom «Musée d’ethnographie de Genève» doit être challengé, questionné et repensé. La nouvelle marque du MEG doit refléter l’identité de l’institution et la façon dont elle souhaite se présenter. Son identité verbale, son image et son logo doivent refléter à l’extérieur sa vision, ses buts et sa «promesse». Un nouveau nom pourrait être choisi pour refléter la transformation du Musée et la rupture qu’il opère avec son passé. Le MEG va donc réfléchir à une nouvelle marque, décoloniale et globale, qui reflète l’identité et l’engagement de l’institution. Dans ce contexte, le Musée va être repositionné dans un champ muséal global et international et sa marque doit être unique parmi d’autres institutions similaires de par le monde.
Une marque forte engendre un lien émotionnel, crée un sentiment d’attirance positif, consolide l’attachement existant avec son public, mais permet également d’attirer de nouveaux visiteurs et visiteuses.
8. Expérimenter la musique: des rencontres, des partages et des créations autour du son.
Programme conduit par Madeleine Leclair, responsable de l’ethnomusicologie
L’objectif de ce programme est de partager les collections musicales exceptionnelles conservées au MEG avec un public élargi incluant notamment les communautés sources, les chercheurs et chercheuses, les mélomanes et les artistes. L’accent est mis sur la dimension expressive de la musique. La mise en circulation des Archives internationales de musique populaire (AIMP), l’un des plus importants fonds d’enregistrements des cinq continents conservé dans un musée, vise à faire émerger différentes réalisations qui explorent le potentiel créatif et fédérateur de la musique et du son. L’accès à ces archives se traduit notamment par des publications discographiques et des présentations lors de divers événements publics (expositions, spectacles, séances d’écoute, etc.).
Le MEG encourage les projets de création inspirés d’enregistrements qui sont extraits de ce monument sonore et contextualisés par les communautés qui en sont les héritières. Le MEG souhaite également poursuivre la programmation de performances musicales, mais aussi initier des rencontres et discussions entre artistes et publics de tous horizons. La ligne directrice de cette future programmation vise à explorer les liens entre traditions musicales et musiques actuelles, en s’intéressant au travail d’artistes engagé-e-s dans un processus créatif sur la base de patrimoines hérités.
9. Repenser les espaces d’exposition: vers une nouvelle exposition permanente et des expositions temporaires plus fréquentes
Programme conduit par Nelly Pontier, chargée de production des expositions
En adéquation avec son plan stratégique et dans l’intention de préserver un lien fort avec son public, le MEG souhaite renouveler son offre d’expositions. Présentée depuis 2014, l’exposition permanente Les archives de la diversité humaines sera remplacée par un nouveau parcours. Le renouvellement de l’exposition permanente offre l’opportunité d’un changement des espaces, avec comme option, la permutation des deux salles d’exposition. Actuellement les deux espaces d’exposition du MEG, permanente et temporaire, se déploient sur deux plateaux de 1000m2 chacun. Le volume dans lequel est présentée la collection permanente actuelle peut être divisé en deux zones distinctes de 400m2 et 600m2.
En permutant les espaces d’exposition, le MEG peut donc envisager de scinder le nouvel espace de la collection temporaire en deux et de programmer deux expositions temporaires par an. Ces modifications nécessitent une gestion prévisionnelle sur plusieurs années. La programmation des expositions doit être anticipée afin que les besoins et les ressources nécessaires à l’échelle du Musée puissent être évalués et anticipés. Ces transformations impacteront le travail des collaborateurs et collaboratrices des différentes unités du Musée.
Par le renouvellement de ces offres, le MEG souhaite encourager le public à des visites plus fréquentes et espère susciter, par la même occasion, l’intérêt de nouveaux visiteurs et visiteuses. A chacun de ces passages au MEG, le public pourra visiter l’exposition permanente et une, voire deux expositions temporaires en fonction des dates. En se questionnant et en se renouvelant, le MEG souhaite conserver sa place de musée de référence au niveau national et international.
Plan stratégique 2020-2024 [PDF 1.25 Mo]
Politique de programmation culturelle [PDF 0.1 Mo]