Objets africains "mutants" et la question de la restitution

Conférence du philosophe
Souleymane Bachir Diagne

MEG
Mercredi 6 mars 2024
En collaboration avec le département de langue et littérature françaises modernes de l'UNIGE

Depuis quelques années, la question de la restitution des objets du patrimoine africain au continent où ils sont nés hante le débat public. Mais le sens et les modalités d’un tel retour n’ont rien de simple. Parler de « retour » suppose non seulement qu’on puisse à chaque fois identifier une origine, mais aussi que les régions dont ces objets proviennent n’ont pas changé, comme si le temps s’était arrêté et qu’il suffisait de « revenir en arrière ». Cela présuppose aussi que les objets eux-mêmes n’ont pas affecté les espaces où ils ont été exposés et vus. Contre cette conception fixiste, Souleymane Bachir Diagne propose la notion d’« objets mutants », qui incite à la fois à repenser les propriétés de ces œuvres et artefacts, et à réimaginer les musées qui les accueilleront, en Afrique et dans le monde.

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Souleymane Bachir Diagne

Souleymane Bachir Diagne

Après avoir enseigné pendant une vingtaine d'années la philosophie à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, puis à celle de Northwestern à Chicago, il est aujourd'hui Professeur dans les départements d'Études francophones et de Philosophie de Columbia, à New-York, où il dirige également l'Institut d'Études africaines (IAS).

Il est spécialiste de l'histoire des sciences et de la philosophie islamique.
C'est l'une des voix africaines contemporaines les plus respectées.
Il a notamment publié, chez Albin Michel, De langue à langue (2023) et En quête d'Afrique(s) : universalisme et pensée décoloniale, coécrit avec Jean-Loup Amselle (2018).